L’évolution industrielle que connait Oloron Sainte-Marie, au XIXe siècle, symbolise la naissance d’une nouvelle économie gérée par des industriels.
Les usines s’agrandissent, les modes de fonctionnement changent. Ces ouvriers qui jusqu’alors œuvraient de chez eux, travaillent désormais sur place. Naît alors une nouvelle réalité : la nécessité de les loger. Cet élan se traduit dans l’urbanisme, faisant apparaître de nouveaux ensembles bâtis dans le paysage.
Ces maisons qui constituent encore à ce jour des rues entières, des morceaux de ville, font parties intégrantes de notre mémoire.
Parfois, elles rappellent à nous un bout d’enfance. Des dimanches en famille chez les grands-parents qui se terminaient bien souvent dans une partie géante de jeux de rue. Dans d’autres cas, ces maisons nous abritent aujourd’hui, ou sont simplement le reflet d’un environnement qui nous est familier. On les a faites évoluer, on les a améliorées et adaptées à la vie moderne.
Quoi qu’il en soit, elles restent les témoins privilégiés d’un pan de l’histoire. De cette résonance collective, nous avons décidé de vous proposer une série d’articles, chacun dédié à un quartier abritant ces logements du début du XXe siècle.
A l’origine, une usine de sandales
La Villa Bedat, aujourd’hui Centre Culturel et Patrimonial du Haut-Béarn, n’était rien de moins qu’une maison patronale.
Située en plein cœur de la Confluence des gaves d’Aspe et d’Ossau, elle a été construite dans la seconde moitié du XIXe siècle par l’architecte Antoine Montaut. L’édifice est appelé « chalet Ducos », du nom de son propriétaire Jules Ducos (1816-1898). Ce dernier possède également la minoterie.
Au début du XXe siècle, la maison ainsi que la minoterie sont vendues à la famille Bedat.
L’usine de sandales Bedat, est fondée en 1890 par Emile Bedat (1865-1925) et se voit d’abord installée dans le bâtiment qui fait l’angle, face à la villa. Ce n’est qu’en 1909 que Lucien et Justine, son épouse (Justine Mounaix, dont la famille possède à l’époque une entreprise de cardage de laine à Laruns) achètent le chalet, et font ajouter la galerie et les tourelles, comme on les connait à ce jour. L’entre deux guerres marque un tournant dans l’histoire de l’usine Bedat, et des ateliers en toit de sheds sont construits entre la villa et l’ancienne usine, qui continuera toutefois à abriter les bureaux de l’entreprise.
En 1920, l’établissement ne compte pas moins de 150 salariés, dont 87 femmes !
Au décès de son père, en 1925, Lucien Bedat lui succède à la tête de l’entreprise et crée la machine nommée “Bedat” qui mécanise l’assemblage de la toile et de la semelle. Rapidement après, dans les années 1930, l’ancienne minoterie devient une microcentrale hydroélectrique dont la production va permettre à l’entreprise de prendre un bel essor ! Oloron connait des déficiences de puissance jusqu’en 1960 et cette électricité nouvellement produite est alors vendue aux entreprises Bonneu, Beighau et Lucbéreilh.
La question se pose de loger les quelques désormais 200 ouvriers, et leurs familles, employés de l’usine.
La cité Bedat, une cité ouvrière de l’entre deux guerres
La cité Bedat est une des dernières cités ouvrières des Pyrénées-Atlantiques commanditées par un patron. A cheval sur Goès et Oloron Sainte-Marie, le quartier se situe à l’époque à un peu plus d’1 km de l’usine.
La mise en œuvre de cette opération, faite en 1932 à l’initiative de Lucien Bedat, constitue un véritable projet urbain d’ensemble.
Aux maisons construites pour les ouvriers viennent s’ajouter la réalisation de la voirie ainsi que des espaces liés au vivre ensemble (Château d’eau, lavoirs …).
Chaque construction se voit érigée sur le même modèle : une architecture simple, modeste mais fonctionnelle. De plain-pied, individuelle ou jumelée avec, à l’arrière un jardin suffisamment vaste pour y créer un potager. Une toiture à deux pentes et quelques éléments de décors viennent parfaire ces logis.
L’organisation se fait autour de la porte d’entrée, cette dernière étant toujours centrale et entourée de fenêtres. En bois, vitrée, elle était agrémentée d’une imposte et d’un barreaudage en fer forgé.
Des faux pans de bois sur les murs pignons, dont la couleur contrastait avec l’enduit, pouvaient alors constituer un élément d’ornement.
Enfin, un mur de clôture bas, surmonté d’une haie imposante ainsi qu’un portillon aux ouvrages de ferronneries fermaient l’enceinte.
L’architecture du XXe siècle reste peu étudiée et les logements construits à cette époque n’ont pas fait l’objet d’une attention particulière en matière de recherche patrimoniale.
Aussi, que vous soyez férus ou simplement d’un naturel curieux, n’hésitez pas à nous faire part de vos éléments de recherches. Ils seront toujours les bienvenus et nous aideront à compléter notre documentation !
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