La première image qui vous vient à l’esprit est forcément ce petit animal mignon, grand bâtisseur inépuisable ! Et vous avez raison : le castor est un ingénieur obsédé par la construction de son lieu de vie, il s’attaque aux arbres comme un vrai bûcheron pour construire huttes et barrages. (Jusqu’à deux mètres de hauteur) (DINGUE)
Doté d’un acharnement étonnant, il bâtit encore et toujours…
Mais, vous l’aurez bien compris, là n’est pas le propos.
Pas tout à fait du moins. Des castors de ce genre, sur Oloron et alentours, il n’en est point.
Nous sommes ici pour nous rappeler un nouveau souvenir de quartiers. Les castors de notre histoire, de notre enfance. Ceux de notre mémoire.
Petit retour en arrière !
Après la Seconde Guerre mondiale, plus de 400 000 immeubles sont détruits et deux millions endommagés.
La situation de nombreux Français est précaire : des logements de bric et de broc sont créés autour des grandes villes, la situation sanitaire est désastreuse : seulement 5% des demeures possèdent des toilettes et une salle d’eau intérieures.
Le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme voit le jour en fin d’année 1944 afin de lancer une politique de construction massive de logements. Des promoteurs ou des coopératives lancent des programmes de lotissements construits. La loi de 1948, relative aux loyers et instaurant les allocations logement, impose notamment la réalisation de trois éléments de confort dans les habitations : la salle de bain, les toilettes et le chauffage central, afin que les propriétaires puissent envisager l’augmentation des loyers, gelés depuis des décennies.
Ce faisant, la loi a également permis d’introduire une notion d’hygiène dans les anciens et les nouveaux logements qui sont aussi mieux éclairés et plus ensoleillés. Une série de dispositions formant le Plan Courant fixe, en 1953, un objectif de réalisation de 240 000 logements par an.
Des modèles de référence sont proposés aux candidats à la propriété afin d’industrialiser le système de construction de l’habitat et de faire baisser les coûts de construction. Le secteur du logement social assure, par le biais des Habitations à Loyer Modéré, 30% de la construction neuve alors que des opérations de rénovation urbaine permettent de créer de l’habitat décent dans les centres anciens. Parmi les différentes initiatives en Pyrénées béarnaises, celle des Castors illustre la mise en place de nouveaux systèmes répondant à la nécessité économique et à la nécessaire solidarité de la période.
Le mouvement d’auto-construction du Castorat est apparu à Pessac en 1948 et valorisait le travail en tant qu’apport personnel. Nombre de coopératives naissent dans les années 1950 en Aquitaine à la suite de l’initiative des Castors de Mont-de-Marsan dans les Landes. Elles portent l’appellation castor sans pour autant faire appel à la main-d’œuvre des sociétaires, et le castor s’impose comme une image de marque symbolique de la construction coopérative. Ce concept permet la construction de cités par des coopératives travaillant avec des architectes ou à partir de maisons de modèles courant proposées sur catalogue.
Plusieurs expériences de ce type ont lieu à Arudy et à Oloron Sainte-Marie pour répondre aux besoins d’hébergement des ouvriers entre 1950 et les années 1960.
A l’échelle nationale, les grands ensembles d’immeubles sortent de terre autour des villes les plus importantes alors que la préférence des français va au pavillonnaire, modèle de réussite sociale. Le pavillon est peu soutenu par la politique étatique, échaudée par les problèmes de l’habitat de la loi Loucheur des années 1930, souvent mal construit. Cette dualité opposant habitat collectif et habitat individuel se retrouve dans les projets menés par les coopératives d’auto-construction.
La Cité Castors d’Arudy
Le développement de l’activité économique d’Arudy, basée sur l’implantation de nombreuses activités industrielles notamment dans les domaines de la métallurgie et de la fonderie, du travail du bois et de la pierre, lui vaut un essor démographique important.
Un nouvel axe routier est créé en marge du centre-bourg et dessert la plupart des services nécessaires à la commune : Poste, Gendarmerie, complexe scolaire. La création de ce nouveau quartier est à l’origine de la cité Castors.
Le projet présente une architecture économe et consiste en un quartier d’habitat individuel groupé, avec une entrée individuelle pour chaque maison. Les volumes sont simples et comprennent un niveau.
Le 20 septembre 1953 est créée l’Amicale de Construction Ouvrière et Paysanne : l’ACOPAR. Les terrains des messieurs Jacot, Puyoo et Mirassou situés à proximité de la route de Pau sont acquis. L’architecte palois, M. Grésy, élabore les plans des futures maisons. Le principe est que les habitants participent un jour par semaine au chantier. Les demandes des familles sont inscrites sur une liste. C’est par tirage au sort que 40 couples d’ouvriers et d’artisans se verront alloués une maison. Les travaux les plus importants sont réalisés par des artisans professionnels.
Pour aller un peu plus loin : https://pah.pyreneesbearnaises.fr/fileadmin/user_upload/CITE_CASTORS_DEFINITIF.pdf
L’aventure des Castors à Oloron Sainte-Marie
Dans le cadre du développement urbain d’Oloron Sainte-Marie, initiatives publiques et privées ont permis l’émergence de tout un quartier proposant les deux types d’habitat.
Le quartier Pondeilh
Un premier ensemble constitue le quartier Pondeilh qui comprend deux phases de développement entre 1952 et 1955, dirigées par la Coopérative Basco-Béarnaise de Construction pour la société Baticoop Oloron Un.
La coopérative achète le terrain à bâtir pour le compte de ses sociétaires, sollicite la contribution de la mairie pour les travaux de voiries et d’assainissement, monte les dossiers d’emprunt, propose plans et devis et assure le suivi des travaux. Quatre types de maisons sont proposés, avec un certain nombre de traits communs comme un plan carré, deux niveaux, une toiture simple à deux pentes, une façade principale côté rue. Les variantes concernaient l’existence d’un garage accolé, une entrée sous porche ou encore un balcon d’angle au premier niveau.
Pas moins de cent familles vont alors pouvoir s’installer à Pondeilh, dégageant ainsi autant de logements en ville pour les ouvriers.
Cet afflux de population va obliger le conseil municipal à faire construire une école et, en 1960, c’est dans ce même quartier que la première piscine d’Oloron voit le jour.
Pour aller un peu plus loin : https://pah.pyreneesbearnaises.fr/fileadmin/user_upload/Cite_Pondeilh_Oloron.pdf
La Cité Castors, nouvellement Cité Marlats
Un deuxième ensemble est constitué de la cité Castors, rebaptisée Marlats en 2018.
La construction de ces logements collectifs est réalisée par l’association des Auto-Constructeurs Oloronais et l’architecte Bacqué, à proximité immédiate de l’usine Rozan / Lindt & Sprüngli. Il s’agit alors de loger dans des conditions décentes les ouvriers de l’usine de chocolats, mais également des autres usines textiles de la commune.
La première pierre de la cité est posée par le ministre de la Reconstruction, Roger Duchet, lors de sa visite du quartier Pondeilh le 16 novembre 1955.
Le projet consiste à créer 104 logements collectifs sous forme de deux alignements bâtis de part et d’autre d’une large voie. Ces deux bâtiments comprennent des petits jardins à l’arrière et des parkings en sous-sol. Les appartements traversants sont regroupés par six, orientés Nord-Sud, et comportent des balcons sur chaque orientation.
Pour aller un peu plus loin : https://pah.pyreneesbearnaises.fr/fileadmin/user_upload/Cite_Marlats_Oloron.pdf
C’est avec un plaisir immense que nous avons partagé avec vous ces ressources si riches à notre mémoire. Nul doute que l’histoire de ces quartiers fourmille d’anecdotes et de mystères dont les archives les plus précieuses résident dans vos souvenirs. N’hésitez pas à nous contacter pour nous en faire part !
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