Qui, ici, n’a jamais espéré recevoir des nouvelles d’un grand grand (granddddd) oncle d’Amérique ? Vous savez, celui qui aurait fait fortune et dont vous seriez l’ultime héritier ?
Mais pourquoi d’Amérique me direz-vous ? Tout simplement parce que l’émigration des béarnais outre-Atlantique est loin d’être une légende urbaine.
L’émigration en Béarn existe déjà au 18e siècle, durant lequel quelques enfants du pays partent vers l’Amérique latine. L’Uruguay ou encore l’Argentine, de part l’espagnol qui y est parlé, semblent favoriser leur intégration. Néanmoins, c’est vers 1840 que les plus nombreux d’entre eux s’installent en Californie, et San Francisco a le vent en poupe !
L’exposition “Migrations du vivant”, en place à la Villa Bedat jusqu’au 4 février 2023, vous permet de retracer ces différents types de migrations, quelles soient humaines ou animales.
C’est un avant goût que nous vous proposons aujourd’hui grâce à la fabuleuse aventure de ces béarnais partis à l’assaut du Nouveau Monde !
L’appel d’une vie meilleure
Les raisons qui poussent à quitter son pays de naissance sont plus ou moins toujours les mêmes à cette époque.
Économiques, d’abord. La découverte de riches mines d’or en Californie, en 1848, provoque un mouvement mondial, auxquels les béarnais n’échappent pas. Il semblerait que les femmes sont peu nombreuses à suivre cette première vague de migration, qui concerne davantage des hommes jeunes et mobiles, en quête d’un Eldorado …
Familiales, également. Des familles pauvres avec trop de bouches à nourrir, des exploitations bien souvent trop petites et aux terrains mal exposés… Et rappelez-vous : nous sommes dans les années 1840 (à peu près hein !) et on vous le donne en mille : le droit d’aînesse à encore la peau dure ! Droit restreint par excellence à l’aîné “mâle” de la famille (étonnant, n’est-ce pas ?), les premiers à partir se trouvent de fait, être la plupart du temps les cadets.
Familiales, également. Des familles pauvres avec trop de bouches à nourrir, des exploitations bien souvent trop petites et aux terrains mal exposés… Et rappelez-vous : nous sommes dans les années 1840 (à peu près hein !) et on vous le donne en mille : le droit d’aînesse à encore la peau dure ! Droit restreint par excellence à l’aîné “mâle” de la famille (étonnant, n’est-ce pas ?), les premiers à partir se trouvent de fait, être la plupart du temps les cadets.
A cela, vous pouvez ajouter une campagne solide, à grands coups de promesses d’une vie radieuse, menée par les agents d’émigrations (payés, on vous le rappelle, au nombre d’émigrés envoyés) !
Oui, mais sur place, alors ?
Mais avant d’être sur place, encore fallait-il se la gagner cette terre promise !
Les premiers petits veinards à avoir tenté l’aventure ont quand même dû affronter des traversées qui duraient 5 mois (!!!) en moyenne et essuyer des tempêtes réputées bien violentes – surtout sur un bateau à voile si vous voulez notre avis … une chose certaine : si tant est que ce n’était pas le cas au départ, ils devaient tous débarquer avec un estomac à toute épreuve !
Ce qui, notez bien, était plutôt une bonne chose, puisqu’une fois à terre, il était impératif de trouver un travail. Or, travailler dans une triperie faisait parti des options, puisque de l’or peu en auront vu la couleur au final ! (en réalité, nous n’avons que peu de sources nous permettant d’établir le rôle des béarnais dans la Ruée vers l’or).
D’autres portes s’ouvrent bien sûr à eux : les laiteries, la domesticité, divers commerces, la restauration et … les blanchisseries !
Parce que si cette fameuse Ruée vers l’or n’a pas été favorable à nos enfants du pays, nombre de chercheurs ont vu leur condition de vie considérablement améliorée. Et c’est pour satisfaire ces nouveaux riches que des blanchisseries sont alors créées.
La naissance du « French cleaner »
Un Alsacien du nom de Gassman et sa femme béarnaise ouvrent la première blanchisserie franco-béarnaise en 1862, ouvrant la porte à une véritable filière.
Et si l’on vous dévoilait aujourd’hui que ce succès aurait démarré sur un malentendu ?
“ Une anecdote bien connue raconte qu’à la fin du XIXe, Jane Stanford, épouse de Leland Stanford, homme d’affaires et fondateur de la célèbre université du même nom, aurait contribué, sans s’en douter, à la mode des blanchisseries béarnaises en Californie. Se préparant à recevoir la visite du président McKinley, elle souhaitait que sa nappe de table soit nettoyée par une blanchisserie réputée de New York. Mais l’une de ses employées envoya par erreur la nappe à une blanchisserie locale tenue par des Béarnais, la famille Larrecou habitant à Menlo Park (près de Palo Alto). Madame Stanford fut tellement impressionnée par l’attention délicate apportée au blanchissage de sa nappe qu’elle confia dorénavant tout son linge à la Menlo Park Laundry.” (Source site https://france-amerique.com/fr/)
Toujours est-il que peu à peu les blanchisseries béarnaises, dont la réputation est désormais reconnue de tous, rayonnent alors sur toute le Californie, jusqu’à détenir le quasi-monopole à San Francisco entre 1880 et 1920 (102 sur 136 blanchisseries seront encore aux mains des Béarnais en 1925 et 85% des milliers de Béarnais de San Francisco exercent le métier de blanchisseur jusqu’en 1930 ).
Cette nouvelle vie sur place s’organise. Une communauté se crée, les traditions se perpétuent et les enfants des français deviennent des américains.
Les migrants français ont eu une influence incontestable sur le développement de la ville qui doit beaucoup au dynamisme des migrants béarnais.
Aujourd’hui encore, la population de San Francisco compte 1,13% de francophones !
Peut-être êtes vous concernés. Possiblement une branche de votre famille est partie, voire, y est encore. Venez vite tout nous raconter !
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