
Il y a des maisons de famille où chaque pièce raconte l’histoire de plusieurs vies, des maisons où l’art s’est encré dans le quotidien des saisons et des générations. Au cœur d’Arette, la demeure des Ambille garde l’empreinte d’un double lien : l’amour du pays et celui d’un frère artiste, que Paulette n’a jamais cessé de faire exister après lui.
Paul Ambille est né à Béziers mais a grandi dans le Béarn, bercé par les retours estivaux dans la maison familiale adossée à la place de la mairie. L’été, il repeuplait les lieux de toiles et de carnets, retrouvait les lauriers, les rosiers, les souvenirs, et peignait dans la maison-atelier qu’il s’était aménagée. Dès les premiers succès – Premier Grand Prix de Rome en 1955, Villa Médicis, médailles et titres officiels – il n’a jamais rompu ce lien avec Arette. Sa peinture revendique cette racine : elle s’exerce dans la lumière de la vallée, fait vibrer la couleur, simplifie les formes, cherche la quintessence du geste et du paysage. Vitraux, œuvres pour le village après le séisme de 1967, paysages et motifs béarnais témoignent d’un attachement constant et jamais folklorique.

Derrière le nom de Paul, il y a celui de Paulette, l’inséparable sœur, enseignante érudite et figure essentielle de cette histoire. De son vivant, elle fut la confidente, la secrétaire, la première critique, la mémoire et l’organisatrice, d’une infinie sollicitude. Après la mort de son frère, elle reprend le fil : fidèle à l’engagement de Paul en faveur de la jeunesse, des artistes, des territoires, elle porte à bout de bras le projet de transmission. C’est elle qui, veillant au respect de sa volonté, organise avec la commune d’Arette et la Fondation Taylor le legs familial : maisons, souvenirs, collections. Rien n’était pire à ses yeux que le risque de voir s’interrompre la chaîne du partage, du don, du travail bien fait au bénéfice de tous.
De cette volonté fraternelle est né le Centre culturel Ambille. Plus qu’un musée : une maison habitée, un espace de rendez-vous, un lieu ouvert sur le village et l’avenir. On y trouve une bibliothèque, une école de musique, des ateliers en tout genre, une salle d’exposition et des rencontres consacrées à la création.



Le geste de Paul et Paulette Ambille est singulier : il appartient autant à la sphère de l’intime qu’à celle du bien commun. L’artiste, reconnu loin des frontières pyrénéennes, a laissé à Arette le temple de son retour, tandis que sa sœur a prolongé sa vocation d’accompagnement, de transmission et de dialogue avec la jeunesse et la création.
Ainsi la boucle familiale s’est refermée, non sur le passé seul, mais sur un projet vivant, pensé pour irriguer l’avenir. Au cœur du Haut-Béarn, la maison Ambille garde ouvertes ses fenêtres : preuve que l’art, quand il se transmet par générosité, devient aussi mémoire partagée.




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