Culture en action : portraits des professionnels qui font vivre nos lieux
Nous sommes dans un monde où les expériences à vivre ensemble deviennent de plus en plus rares, ce qui rend la culture encore plus précieuse. Ceux qui font l’action culturelle sont encore plus inestimables. Car derrière chaque mur d’établissements culturels, derrière chaque proposition, se cachent des professionnels passionnés, sans qui rien ne serait possible. Pour parler d’eux, et prouver toute l’humanité contenue dans ce que l’on nomme « culture », la chose n’est pas aisée : les métiers de la culture sont variés et couvrent un large éventail d’activités
Qu’il s’agisse de travailler en tant que programmateur de spectacles, bibliothécaire, médiateur ou encore commissaire d’exposition, chaque métier offre des opportunités uniques. En outre, le secteur culturel ne se limite pas aux métiers artistiques ou créatifs, loin s’en faut. Il comprend également des professionnels de l’accueil, de la technique, de la comptabilité, de la gestion administrative, de la communication, qui sont essentiels au bon fonctionnement des structures culturelles.
Ce secteur englobe donc une multitude de métiers liés à l’art, la musique, le patrimoine, le cinéma, la littérature, et bien plus encore. Y travailler, c’est souvent allier passion et profession.

AGENTS D’ACCUEIL : LE PREMIER SOURIRE DE LA CULTURE
Avant même d’entrer dans une médiathèque ou un lieu culturel, il y a souvent un sourire, un mot gentil, une voix rassurante : ce sont les agents d’accueil. À la Médiathèque des Gaves comme à la Villa Bedat, ils sont les premiers visages que l’on croise, ceux qui donnent le ton de la visite.
Leur rôle est essentiel et multiple : orienter les visiteurs, répondre à toutes les questions (même les plus farfelues), accompagner les plus jeunes dans leurs découvertes ou rassurer les nouveaux venus. Mais leur mission ne s’arrête pas là : ils veillent aussi au bon déroulement des animations, gèrent les inscriptions, assurent la sécurité des lieux, et parfois, improvisent pour résoudre mille petits imprévus du quotidien. Il n'est pas rare que ces agents d'accueils soient également vos bibliothécaires. Et vice et versa.
À la Villa Bedat, l’accueil, c’est aussi une invitation à la curiosité : chaque visiteur est guidé, conseillé, encouragé à pousser plus loin sa découverte, que ce soit d’une exposition ou d’un atelier. Être agent d’accueil, c’est incarner l’accessibilité de la culture, c’est être passeur entre le public et la richesse des lieux.
MÉDIATRICES : ANIMER, RELIER, TRANSMETTRE
Dans l’ombre ou la lumière, il y a celles et ceux qui font le lien, qui rendent la culture vivante et accessible à tous : les médiatrices. Elles œuvrent chaque jour pour inventer, organiser et animer des ateliers, des visites, des rencontres. Leur mission ? Adapter leur approche à chaque groupe, stimuler la participation, éveiller la curiosité, et faire de chaque animation un moment de rencontre et de découverte.
Dans les médiathèques, les musées, les lieux patrimoniaux, elles sont les passeuses d’émotions et de savoirs, toujours à l’écoute, toujours prêtes à inventer de nouveaux chemins vers la découverte. Leur créativité et leur écoute transforment chaque animation en expérience vivante, où la culture devient un terrain de jeu, d’émotion et de partage.
DU CÔTÉ DU PATRIMOINE ÉCRIT ET DE L’HISTOIRE LOCALE
Sandra, responsable des ressources patrimoniales écrites, fait parler les archives et les manuscrits, révélant la richesse cachée de notre mémoire collective. À travers expositions, ateliers ou rencontres, elle rend accessible un patrimoine parfois austère, et le transforme en source d’émotions et de découvertes.
Alix, au sein du Pays d’Art et d’Histoire, conçoit des parcours, des animations et des outils pédagogiques pour révéler la singularité du territoire. Son travail consiste à transmettre l’amour du patrimoine, à inventer de nouvelles façons de raconter et à ouvrir des portes sur des mondes insoupçonnés.
COMPTABILITÉ ET GESTION ADMINISTRATIVE : LES PILIERS INTERNES
Si la culture rayonne, c’est aussi grâce à des professionnels de l’ombre qui assurent la stabilité et la pérennité des structures. Les métiers de la comptabilité et de la gestion administrative sont essentiels au bon fonctionnement des institutions culturelles, qu’il s’agisse d’un théâtre, d’une médiathèque, d’un musée ou d’un festival. Comptables, gestionnaires, assistant(e)s administratifs ou chef(fe) de Pôle veillent à la bonne santé financière des projets : ils élaborent les budgets, suivent les dépenses, anticipent les besoins, gèrent les paies et les contrats, tout en s’assurant du respect des réglementations spécifiques au secteur culturel
. Leur expertise permet de sécuriser les financements, de garantir la transparence et d’accompagner les équipes artistiques dans la réalisation de leurs ambitions. Souvent polyvalents, ces professionnels doivent conjuguer rigueur, anticipation et sens du service, tout en restant à l’écoute des évolutions du secteur et des exigences de chaque projet. Sans eux, aucune création ne pourrait voir le jour dans la durée.
TECHNICIEN DU SPECTACLE VIVANT
Comment procurer des moments magiques —
Le spectacle vivant est l’un des piliers de l’exception culturelle française par nature. Le vocable "spectacle vivant" désigne l'ensemble des spectacles "produits ou diffusés par des personnes qui, en vue de la représentation en public d'une œuvre de l'esprit, s'assurent la présence physique d'au moins un artiste du spectacle". La danse, la musique, le théâtre, dans toute la diversité de leurs formes, appartiennent au spectacle vivant, par opposition au spectacle enregistré (cinéma- audiovisuel). Si pour le cinéma, tout le monde imagine facilement qu’il y a une personne derrière la caméra, cela ne semble pas aussi évident pour le spectacle vivant. Ce qui est alors apparent, c’est le comédien, le danseur, le chanteur, le musicien... Mais sans les techniciens de plateau, c’est-à- dire, sans mise en place de scène, de lumière et de son, le spectacle pourrait vite tourner court.
En Haut Béarn, le terrain de travail quotidien des techniciens de plateau représente 150 m2, ce qui en fait l’une des plus grandes scènes du Département.
Pour s’en occuper, ils sont 2 permanents, prêts à dégainer gélatine et pendrillon dès que Vivien, régisseur général qui vient de prendre la relève de notre illustre Michel, en donne le signal ! Ainsi, Luc et Vivien assurent le bon déroulement de chaque production, du montage au démontage. Pas une journée ne ressemble à une autre : pour chaque événement, le théâtre se transforme en une coque vide à laquelle il faut redonner forme, en fonction du spectacle à venir. A partir d’une fiche technique, leur rôle est d’adapter l’espace scénique en lumière, en implantation au métrage, en sonorisation, ce qui oblige à beaucoup de polyvalence et d’adaptabilité. Parfois, les demandes plateau passent au millimètre et les compères se plient en quatre pour répondre aux besoins techniques dans les délais. Régulièrement, cela demande un renfort d’équipe via des intermittents, ou dans d’autres cas de figure, des locations de matériels spécifiques. Quoi qu’il en soit, c’est un travail d’équipe, qui demande un grand savoir-faire technique pour opérer en toute sécurité. Car ici, point d’automate : tout se fait à la main ; et les équipements techniques se diversifient au fur et à mesure : les projecteurs-led côtoient les projecteurs à incandescence, et les consoles son numériques, celles analogiques. Il faut aussi un certain temps pour maîtriser le jargon professionnel : en-dehors du côté cour / côté jardin, on parle aussi de mitard, de ceintres, de perches, de lointain ou de face, de machinerie, de gril (rien à voir avec la cuisine !)... Mais au-delà de tous ces aspects techniques, ce qui leur plaît particulièrement dans ce métier reste les rencontres humaines. Ce qui se passe sur le plateau à l’instant T demeure un moment magique. Vous voulez devenir technicien de spectacle ?
BIBLIOTHÉCAIRE : LA TRANSMISSION DU GOÛT POUR LA CULTURE DANS TOUTE SON AMPLEUR
Faites le test : tapez dans la barre de votre moteur de recherche préféré le mot « bibliothécaire », puis cliquez sur « images »... Et vous tomberez invariablement sur des illustrations de femmes, avec des livres en main, et souvent des lunettes délicatement posées sur le bout de leur nez ; parfois même, on les découvre l’air revêche, exécutant le geste pour demander le silence ! Que ces stéréotypes sont tenaces et éloignés de la réalité !
Pour vous le prouver, rencontre avec un bibliothécaire du Haut Béarn ! Car, ici, la médiathèque n’existe pas qu’à Oloron Sainte-Marie, elle est présente également à Aren, Lasseuble, Ogeu-les-Bains, Agnos, Gurmençon, Bedous, bientôt Arettes, mais aussi bien au-delà, grâce aux points-lecture, et la navette pour rendre un service au plus près des habitants. Comme la médiathèque des gaves, les équipements du réseau de lecture publique du Haut Béarn représentent un accès de proximité à la culture pour tout un chacun.
Fraîchement arrivée, Adèle a déjà bien conscience de tous ces enjeux. Pour elle, l’intérêt d’intervenir dans une structure à taille humaine, au cœur d’un territoire rural, permet une forme d’acculturation décomplexée.
La bibliothèque est un espace neutre, qui atténue les différences, sans pour autant les masquer. C’est d’ailleurs ce qui en constitue toute la richesse. Cette dimension humaine est au cœur du projet professionnel d’Adèle, et pour cela, elle fait preuve de nombreuses facultés : curieuse, créative, enthousiaste, dynamique...
Dans cet espace en cours d’aménagement et repensé pour tous les âges de la jeunesse, et avec l’appui de Camille, responsable développement culturel du réseau, être à l’écoute des enfants qui montreront le bout de leur nez à l’entrée, répondre à leurs envies et leurs attentes, pour les amener à passer le pas de la porte, mais surtout à rester et revenir est sa priorité ! Il convient en effet de renouveler les propositions, tout en restant à la page, pour stimuler l’attention de cette jeunesse.
Et cela tombe bien, car dans ce métier, point de ronrons quotidiens (encore un cliché balayé) : accueils de crèches et de classes, bricolages en tous genres, gestion de budgets, rangement des documents, choix des nouveaux livres... on ne s’ennuie jamais ! Et avec les enfants, à l’âge de tous les possibles, l’éveil et la transmission du goût pour la culture dans toute son ampleur demande mille ressources.
Car la bibliothèque constitue un lieu libre d’accès et gratuit, qui peut se visiter aussi bien qu’un théâtre.
GUIDES : FAIRE REVIVRE LES LIEUX ET LEURS HISTOIRES
Au détour d’un sentier ou derrière la porte massive d’un fort, il y a parfois une voix qui s’élève, pleine de passion et de malice : celle du guide. Au Fort du Portalet, Janick et Nicole incarnent cette magie du récit. Leur mission ? Faire revivre les pierres, réveiller les souvenirs endormis dans les murailles, et transmettre au public la mémoire d’un site unique.
Avec elles, la visite guidée n’est jamais une simple énumération de dates ou de faits. C’est une aventure sensorielle, une plongée dans les anecdotes, les destins croisés, les secrets d’architecture et les petits détails qui font toute la différence. Janick, avec son énergie communicative, entraîne petits et grands dans les méandres du fort, tandis que Nicole, forte de sa connaissance encyclopédique, sait rendre chaque recoin fascinant.
Être guide, c’est bien plus que maîtriser un discours : c’est s’adapter à chaque groupe, improviser selon les réactions, répondre aux questions inattendues, et parfois, rassurer les plus jeunes impressionnés par l’atmosphère mystérieuse des lieux. C’est aussi un métier d’accueil, de pédagogie et de transmission, où la passion pour l’histoire se conjugue à l’amour du partage.
PERSONNEL DE MENAGE : GARANTIR LA QUALITÉ D'ACCUEIL ET LE RESPECT DES LIEUX
Souvent invisibles mais indispensables, les agents de nettoyage et d’entretien jouent un rôle fondamental dans le bon fonctionnement des établissements culturels. Qu’il s’agisse de médiathèques, musées, théâtres ou centres culturels, leur mission est de garantir la propreté, la sécurité et le confort des espaces, conditions essentielles pour que chaque visiteur puisse profiter pleinement de son expérience. Leur travail rigoureux permet de préserver les œuvres, les documents et les équipements, tout en assurant un environnement sain et accueillant.
Au-delà de l’aspect technique, ces professionnels contribuent aussi à l’image et à la qualité de l’accueil : un lieu propre et bien entretenu invite à la découverte et au respect du patrimoine. Leur présence discrète mais constante est un maillon essentiel de la chaîne culturelle, souvent méconnu mais toujours précieux.
COMMUNICATION : FAIRE RAYONNER LA CULTURE ET TOUCHER TOUS LES PUBLICS
Dans un univers où l’offre culturelle est foisonnante, la communication occupe un rôle stratégique. Les professionnels de la communication culturelle conçoivent des campagnes, rédigent des dossiers de presse, animent les réseaux sociaux, créent des affiches, organisent des événements et développent des partenariats pour faire connaître les initiatives et attirer de nouveaux publics. Leur mission : valoriser les actions, raconter les histoires, donner envie de découvrir, de participer, de s’approprier la culture. Ils sont le trait d’union entre les artistes, les institutions et la société, adaptant sans cesse leur message à la diversité des publics, des médias et des territoires. Créatifs, réactifs, dotés d’un sens aigu de l’écoute et de l’analyse, ils contribuent à faire de chaque projet culturel une aventure partagée, visible et vivante.
PROFESSEURS DE MUSIQUE
La pédagogie du bonheur —
Pour tout quidam, l’apprentissage de la musique repose avant tout sur l'étude du solfège... et souvent l’idée qui y est associée est celle d’un moment laborieux, rébarbatif... Ici, oubliez tous ces préjugés, car Séverine développe une autre approche, et plutôt dynamique et heureuse à en voir les dix bambins qui évoluent autour d’elle ! Le cours commence par un échauffement corporel: il s’agit ici de ressentir la musique, de se laisser aller à ce qu’elle inspire en chacun, de la ressentir en son for intérieur. Après cette entrée en matière, les élèves sont réunis autour du piano pour un temps de chant : les voix, encore juvéniles, entonnent timidement la chanson, puis à grands renforts d’images et de comparaison à hauteur d’enfants, Séverine les entraîne à déployer leurs cordes vocales, à vivre les paroles et leur donner l’intention qu’il faut, à prendre conscience de l’importance du positionnement corporel dans le développement de leur organe. Progressivement, même les jeunes les plus introvertis se prennent au jeu, et osent aller au-delà, pousser une porte, puis une autre, et s’approprient pleinement notes, rythmes et paroles. Entre les reprises, Séverine recourt aux grands noms de la chanson, au cinéma, cite des répliques... et les acculture l’air de rien à tout un pan artistique ! L'improvisation instrumentale qui avait déjà commencé pendant la chanson se poursuit uniquement au piano. Pas de pression, pas de compétition, juste un esprit cordial où chacun se rencontre par les sons et l’énergie commune. C'est comme une conversation musicale où chaque note est une phrase, chaque silence une respiration. Et hop, on attrape une partition que l'on déchiffre à haute voix en se déplaçant dans l'espace. Le rythme par la lecture est aussi une affaire de corps et d'élan intérieur.
L’objectif de Séverine est avant tout d’aider ainsi chaque enfant à découvrir toutes les facettes de son identité via la musique, et celle des autres également. C'est un espace de liberté, bordé par un cadre donné, où l'expérimentation est reine. Pas de compétition, juste de la collaboration. Chacun nourrit l'autre, et ensemble, ils construisent quelque chose qui leur ressemble. Il s’agit de stimuler la curiosité musicale et artistique. La musique n'est pas seulement au service de l'instrument, c'est une ouverture sur un monde de créativité et de découverte, une aventure sonore et humaine, où chaque élève devient un explorateur de sons, un architecte de rythmes et un détective de mélodies. Vous voulez devenir professeur de formation musicale ?
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