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Le printemps amorce un doux souffle de renouveau, ravivant la Nature et peignant le monde d’une lumière claire et de magnifiques couleurs.

Le printemps, une saison de renaissance et d’inspiration

Nombreux sont les artistes, chanteurs, poètes qui ont dépeint cette saison pleine d’ardeur et nombreux sont aussi les artistes peintres, notamment des sommités qui, quelle que soit leur époque, s’en sont inspirés et l’on peint avec passion !

Dès la Renaissance italienne, Sandro Botticelli réalise Le Printemps (1478-1482), peinture allégorique célébrant la venue du printemps.  A travers Les Saisons (1573), Guisseppe Arcimboldo personnifie le printemps en peignant un visage composé de fleurs et de plantes emblématiques de la saison.  Les peintres impressionnistes et postimpressionnistes en sont tout particulièrement fascinés, comme Vincent Van Gogh Amandier en fleurs (1890) et Claude Monet Le Printemps, toile appelée aussi La liseuse (1872) qui réalisent leurs peintures en plein air, jouant de la lumière avec des touches allusives et des couleurs claires. A l’époque contemporaine, avec Printemps (1971), Sonia Delaunay révolutionne cet art pictural symbolisant la saison avec sa peinture abstraite formée de couleurs vives et de formes géométriques !

Sans pinceaux ni palettes, les poètes jouent avec des mots puissants, des rythmes et des rimes et de leurs observations de la Nature, ils font ressentir des sensations et des émotions captivantes voire envoutantes. Ils évoquent des images puissantes et ouvrent de nouveaux horizons, telle une peinture à laquelle se mêlent les sons : « le printemps en fleur danse au rythme du vent, il effleure la terre en frémissant ! La nature renait, emportée par l’ardeur ! Les bourgeons éclatent en mille couleurs, les arbres frémissent sous le doux soleil, leurs branches se parent d’un vert vermeil ! Les oiseaux chantent dans l’azur clair, la brise légère joue dans l’air ! Les fleurs se réveillent dans un doux éclat, Violettes, jonquilles, épiaires en délicat pas, un tapis de couleurs couvre la plaine, comme un rêve où la beauté se déchaine ! »

Célébrations et traditions du printemps

Le printemps est donc cette magnifique saison qui insuffle un véritable souffle de vie après les mois froids et sombres de l’hiver. Le 20 mars, jour de l’équinoxe de printemps, appelé aussi équinoxe vernal, le jour a la même durée que la nuit. Après cette date, la durée de la nuit continue de raccourcir et les heures de clarté augmentent jusqu’à l’arrivée du solstice d’été. Les journées s’allongent, les températures deviennent plus douces et la nature reprend peu à peu ses droits. Les arbres bourgeonnent, les fleurs s’épanouissent, l’air se charge de parfums frais et délicats et nos sous-bois de la douce odeur de l’ail des ours. Les animaux sortent de leur hibernation (ours, marmottes, tortues terrestres ….), les oiseaux migrateurs (grues, hirondelles…) amorcent leur retour vers le vieux continent alors que les abeilles et les papillons aux couleurs chatoyantes et vives ont repris leurs balais incessants de fleurs en fleurs, les pollinisant au passage.

L’Homme n’a pas attendu la chanson de Michel Fugain et du Big Bazar en 1976 pour célébrer le printemps ! Déjà à l’ère préchrétienne, dès février, les fêtes d’Imbolc (d’origine celtique) et des Lupercales (d’origine romaine) annonçaient le début du printemps avec la naissance des agneaux et la forte production de lait, signes d’abondance et de renouveau de la vie.

Puis, avec la Chrétienté, le dicton populaire celtique «quand la Chandeleur arrive, nous sortons de l’hiver mais s’il pleut ou si le vent froid d’hiver souffle, nous y entrons ! » prend tout son sens. La fête de la Chandeleur, fête de la lumière et de la purification, est la version christianisée de l’ancienne fête païenne de Perséphone. En effet, dans la mythologie, la déesse Perséphone est célébrée à l’arrivée du printemps. Fille de Zeus et de Déméter, épouse d’Hadès, Perséphone est condamnée à passer 6 mois de l’année dans le Royaume des Ténèbres (en tant que Déesse des enfers). Elle revient ensuite sur Terre, durant les 6 autres mois de l’année, dans l’Olympe. Cette alternance entre les deux mondes symbolise la nature cyclique de la vie : mort et obscurité (automne-hiver) et lumière et naissance (printemps-été). Lorsque Perséphone revient sur Terre, au printemps, elle ramène avec elle la vie, la fertilité et l’abondance.

Apparaissant aussi dès février et bien qu’il soit principalement perçu de nos jours comme une fête de déguisements, de costumes extravagants, de festivités, de défilés colorés … associée à de la musique et de la danse,  le carnaval porte en lui des thématiques et significations et pratiques séculaires communes à une multitude de cultures à travers le monde. Il est notamment considéré comme une période de transition qui symbolise le passage de l’obscurité à la lumière, de la mort à la vie et comme un moment propice pour se repentir de ses péchés et pour se purifier de ses impuretés, impliquant des rituels de purification, comme le lavage des pieds ou la purification par le feu.

Un symbole fort en Haut-Béarn transparait lors de la Cavalcade de Géronce et de son défilé de chars. Ce carnaval, inscrit à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel national par le Ministère de la culture en 2009, serait l’un des plus anciens d’Aquitaine. Il remonterait au moyen Age, pour faire la fête avant le Carême.

Batistou Païdetouts (Baptiste Père de tous), créé en 1983 par l’artiste peintre Jean-Pierre Lacaze, en est la mascotte, à l’instar de Sent Pançard pour le Carnaval Biarnes. Il ouvre  le défilé avec son armée de Blancs. Les Blancs sont des hommes de 20 ans, (jeunes conscrits appelés à rejoindre le service militaire jusque dans les années 1970), qui, par leur jeunesse et leurs costumes immaculés rehaussés de touches de couleurs vives, symbolisent le retour du printemps, renaissant après l’hiver et le Carême. Armés de drapeaux et de leurs traditionnels esquirons, sortes de trophées coniques et colorés sur lesquels sont accrochées des sonnailles, ils se répartissent en deux lignes afin de les lancer et de se les échanger, montrant ainsi au plus grand nombre que le printemps revient.

Spiritualité et renouveau

Le carnaval est aussi lié à des rituels religieux ou spirituels et plus généralement, à la célébration du Carême, comme l’est le plus grand du monde, le carnaval de Rio de Janeiro !

Le Carême, période de jeûne et de privation, est une période très importante pour les Chrétiens car il les prépare à la fête de Pâques. Il commence le mercredi des Cendres et dure environ quarante jours. Les dimanches et la mi-carême n’étant pas comptés dans cette quarantaine, ils ont souvent donné lieu jusque dans les années 1960, à des festivités comme par exemple le Bal de la Violette, le tout premier organisé sous les halles de la mairie d’Oloron et dont le nom fait référence à l’une des premières fleurs à éclore dans nos sous-bois !

Ces temps de festivités et de rencontres, de reconnexion avec la nature, synonymes de potentiels  nouveaux départs, de nouvelles amours, d’éveil et de croissance… qui invitent à revivre, à initier un renouveau, un nouveau commencement, à espérer, à rêver, à se détacher des lourdes chaines de l’hiver n’en font pas oublier notre quasi instinctif rituel du nettoyage de printemps !