L’eau a toujours joué un rôle crucial dans la vie des habitants du Territoire. Des sources aux rivières en passant par les gaves et les nappes phréatiques, cette ressource précieuse a façonné les paysages, les activités et les traditions locales.
Issues du cœur de la montagne, les eaux des Pyrénées n’ont pas leur pareil pour nettoyer, purifier, soigner, générer de la force motrice… Ces vertus, parfois fragiles, ont favorisé l’émergence d’une grande diversité de pratiques et d’usages, d’activités économiques et de paysages depuis de nombreux siècles en Haut-Béarn.
La géologie et l’hydrologie offrent notamment de nombreuses ressources hydrominérales, chaudes (au-delà de 30°C) ou froides (en-deçà de 25°C), majoritairement sulfureuses, dont les vertus curatives profitent de tous temps à la population locale en bains et en ingestion.
Á partir des temps modernes, l’exploitation de ces sources insuffle, ici comme ailleurs dans le monde occidental, une industrie prospère, le thermalisme, décisif en termes de développement économique et social. Fondamentalement lié à la pratique de la villégiature, ancêtre du tourisme, il exerce une influence tangible sur l’architecture et l’urbanisme locaux, en particulier lors de son heure de gloire au XIXe siècle.
Nos gaves, traits d’union entre montagne et piémont font la singularité du territoire par leur qualité et le lien entretenu avec les Hommes. Au fil des siècles, ces derniers les ont franchis, parcourus, ont utilisé leur qualité de lavage et leur force pour vivre et développer des activités artisanales et commerciales.
Les cours d’eau – petits, moyens et grands- ont été utilisés pour le quotidien, comme sources d’irrigation et d’énergie, comme voie de transport. Tout leur long, se sont implantées des activités. En effet, domestiquées par un réseau de canalisations et de barrages, les eaux courantes alimentent et font fonctionner moulins, forges, papeteries, scieries et fabriques de laine… Puis la conversion de la force motrice en hydroélectricité, la houille blanche, plonge le territoire dans une aventure alliant nouveautés et modernités.
S’APPROVISIONNER EN EAU
Pour répondre à des besoins aussi fondamentaux que boire, nettoyer, abreuver et arroser, les habitants du Haut-Béarn ont pu capter l’eau des sources et des rivières au prix parfois de lourds aménagements : c’est une canalisation longue de plusieurs kilomètres qui est ainsi mise en place durant le Second Empire à travers la forêt du Bager pour alimenter Oloron-Sainte-Marie. C’est au 19e siècle que se multiplient les équipements collectifs comme les fontaines, les lavoirs et les abreuvoirs. Naguère hauts lieux de la vie sociale, ils constituent aujourd’hui un « petit patrimoine » emblématique et souvent restauré dans les villages. Si certaines localités disposent de puits, les fontaines sont les principales sources d’alimentation en eau potable. Pouvant être adossées à un mur, à une niche ou bien placées au centre d’une place, elles sont parfois dotées de plusieurs bassins et goulots. Certaines se caractérisent par leur sobriété, d’autres par leurs éléments décoratifs : emprunts à l’architecture classique, utilisation du marbre, inscriptions commémoratives, symboles, figures animales… À Lasseube, deux fontaines de style art-déco sont l’œuvre du sculpteur béarnais Ernest Gabard. Quant à la grande fontaine du jardin public d’Oloron-Sainte-Marie, elle se veut avant tout ornementale.
Certaines sources sont réputées pour leurs vertus curatives, à l’image de la fontaine miraculeuse dite du taureau, aux allures d’oratoire, située au pied du sanctuaire de Notre-Dame-de-Sarrance.
Utilisés pour laver et surtout pour rincer le linge, les lavoirs sont généralement couverts en ardoises. Ils disposent, suivant leur taille, d’un ou de plusieurs bassins bordés de pierres inclinées. À Bedous, Oloron et Bidos, certains lavoirs sont affectés au 19e siècle au lavage de la laine. Le lavoir est régulièrement associé à un abreuvoir, destiné au bétail et composé de bassins en longueur.
L’eau est également utilisée dans le domaine agricole pour l’irrigation des prairies et des champs, y compris en montagne, traditionnellement au moyen de réseaux de canaux et de rigoles alimentés par les rivières et desservant les parcelles. C’est le cas du système de pachères à Lescun par exemple. Dans la plaine céréalière du Josbaig, l’eau nécessaire à l’irrigation est désormais fournie par deux stations de pompage.
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